Édito

Etablir les faits, tous les faits

Etablir les faits, tous les faits
Un véhicule abandonné par des civil·es israélien·nes lors de l'attaque du 7 octobre 2023. KEYSTONE
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Des crimes de guerre et contre l’humanité ont été commis par les assaillants palestiniens le 7 octobre 2023. En tuant délibérément des civil·es et en capturant des otages, les commanditaires et exécutants de l’opération «Déluge d’Al-Aqsa» ont violé les règles du droit international humanitaire, ancrées dans les Conventions de Genève. C’est le constat que dresse Human Rights Watch (HRW), une ONG aux enquêtes réputées sérieuses.

Son rapport insiste sur le fait que les pires atrocités n’ont pas été commises par les civils gazaouis qui, le 7 octobre, se sont engouffrés dans la brèche ouverte par le Hamas et par d’autres groupes armés comme le Jihad islamique. HRW démonte ainsi un argument avancé par le Hamas pour se dédouaner, en partie, des actes commis contre des civil·es. Argument à double tranchant, car il a servi à Israël pour nourrir la thèse d’une population palestinienne collectivement coupable et, donc, à châtier sans distinction.

L’établissement des faits sert la justice et, à ce titre, il est salutaire. Mais le rapport de HRW n’est qu’une étape, forcément incomplète. Concernant les violences sexuelles, l’ONG s’en remet aux conclusions rendues en mars par la commission d’enquête des Nations unies, établissant trois viols commis par les assaillants palestiniens.

Human Rights Watch n’a pas non plus été en mesure de déterminer le nombre de victimes imputables à tel ou tel belligérant. Et pour cause: seule une enquête approfondie, avec accès aux données confidentielles de l’armée et des services de renseignements israéliens, sera en mesure de dissiper le brouillard. Le quotidien progressiste israélien Haaretz vient d’y contribuer, le 7 juillet, par des révélations encore peu reprises dans les médias occidentaux. Il apparaît que, dans le chaos de l’attaque du 7 octobre, des ordres de tirer à vue sur les assaillants, sans vérification préalable et quel qu’en soit le coût humain, ont été donnés par le commandement militaire, et ce, dès le début de la riposte.

Ce mode opératoire relevant du «protocole Hannibal» consiste à éviter la capture d’otages par l’ennemi, y compris lorsque des civil·es israéliens peuvent être mis en danger. Le tir d’un tank sur une maison du kibboutz de Be’eri, causant la mort de treize des résidents retenus par les assaillants palestiniens, est établi. De même que le bombardement de véhicules qui revenaient à Gaza, avec potentiellement à leur bord des otages israélien·nes. Ces méthodes aveugles n’étonnent pas, venant d’une armée – «la plus morale du monde» – en train de commettre un génocide à Gaza.

Opinions Édito Roderic Mounir israel-palestine

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